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Intensité de l'expérience : à la recherche des diamants

Intensité de l'expérience : à la recherche des diamants

Art de la contemplation et intégration


Je sors d'un tunnel d'expériences émotionnelles intenses.
Je suis en pleine intégration et l'écriture est une précieuse aide dans mon processus de contemplation.

J'ai décidé de partager ça (en partie) avec vous parce que si j'en crois mes voyages dans un futur probable, nous allons toutes et tous, individuellement et collectivement, connaître ces intensités dans les mois et années à venir.

Autant se partager nos "trucs et astuces" et autres cheatcodes pour passer à travers ces crises et, à travers la contemplation, en profiter pour mettre l'ombre en lumière et pourquoi pas transformer le charbon en diamants.

Transformer le charbon en diamants

L'un est noir, s'effrite et brûle facilement. L'autre est transparent et on le considère à juste titre comme le matériau naturel le plus dur.
Pourtant, le charbon et le diamant ont (beaucoup) plus en commun qu'on pourrait le penser.
Le charbon, comme son nom l'indique, est très majoritairement composé d'atomes de carbone. La houille par exemple en contient 90 à 93% et l'anthracite de 93 à 97%.
Le diamant, comme son nom ne l'indique pas (le mot provient du grec ancien ἀδάμας – adámas « indomptable ») est uniquement composé d'atomes de carbone, arrangés en structure cristalline cubique. Cette structure cristalline ne peut se créer que sous des pressions et des températures très intenses, dans la profondeur du manteau terrestre.
On peut donc considérer le diamant comme la version (très) haute pression du carbone, alors que le charbon en est la version à pression ambiante.

N'ayons donc pas peur d'une plongée profonde en soi, sous l'intensité et le feu des émotions, car avec l'oeil de la contemplation il est possible de transformer le charbon en diamants.
Et quand le tunnel vers les profondeurs arrive dans notre vie, il peut être utile de se rappeler qu'au bout du tunnel, il y a toujours une sortie.

Le début du tunnel


Il y a un peu plus d'un an mon père décédait et quittait ce plan de réalité.
Quatre mois après, j'apprends avec stupeur le décès soudain d'Eric Viennot, un ami cher que je croyais en rémission de son cancer.
Pas le temps de digérer la nouvelle que le lendemain, ma mère reçoit la confirmation officielle de sa pathologie découverte fortuitement : cancer du pancréas.

A ce moment, j'ai l'impression d'être sous un tapis de bombes qui remanient profondément le paysage de mon réel.
Mais étonnamment, je n'implose pas. Ça viendra plus tard.

Pour l'instant j'accepte.
J'accepte radicalement.

Ça ne veut pas dire que je repousse les émotions qui me traversent, c'est même tout le contraire.


Lâcher prise sur la mentalisation des émotions : les métaphores du barrage et de l'appartement

A l'école, on n'apprend pas à gérer ses émotions comme on apprend le français ou les maths. Quant à nos parents, ils sont généralement dépourvus des outils pour gérer les leurs et on les excusera de ne pas nous avoir transmis une chose ignorée.
Du coup, on fait comme on peut.
Généralement, ça passe par le schéma classique répression/réaction.
Soit on réprime les émotions pour ne pas les vivre/subir, soit on les projette plus ou moins violemment sur autrui (qu'on considère comme responsable de l'émotion).
Des schémas de défense somme toute compréhensibles mais pour le moins perturbateurs, pour nous-mêmes comme pour notre entourage. Et tout ça fait qu'on a toutes et tous une énorme réserve d'émotions réprimées en nous, comme l'eau maintenue derrière un barrage.
Quand on ouvre la vanne, la pression est très forte, et on se retrouve souvent submergé. Du coup, la vanne, on n'a plus vraiment envie de l'ouvrir et le problème empire : de l'eau supplémentaire se retrouve derrière le barrage, elle peut déborder, la pression monte et le barrage peut même céder.
L'idée serait donc d'apprendre à ouvrir cette vanne régulièrement en comprenant bien que si la pression peut être (très) forte dans les débuts, elle va baisser au fur et à mesure.

Ces dernières années, diverses lectures, rencontres, stages et expériences de vie m'ont amené à gérer différemment la gestion de ces courants émotionnels.
Une des clefs serait de laisser l'émotion brute passer, brute dans le sens où on n'essaye pas de la mentaliser, de plaquer des schémas mentaux ou notre voix intérieure dessus.
L'astuce consiste à se concentrer sur les sensations physiques de l'émotion, mettant ainsi le mental dans son rôle de pur observateur et non de commentateur.

Désormais j'essaye donc d'ouvrir grand la porte aux émotions, quelles qu'elles soient.
Je les laisse entrer en moi, faire leur tour et repartir, comme des visiteurs de passage dans un appartement.
Je n'essaye pas de les garder à ma porte dans le cas d'émotions "négatives", ni de les garder dans ma pièce/en moi dans le cas d'émotions "positives".
Je comprends qu'elles doivent faire leur petit tour du propriétaire, et que je ne peux pas contrôler leur temps de visite. Juste être là, présent, au moment de la visite, c'est tout ce qui compte.
De manière assez fascinante, si j'accepte totalement de vivre des émotions "négatives", comme par exemple la tristesse, j'en ressors à peine quelques heures plus tard, plein de gratitude d'avoir expérimenté la profondeur de cette émotion.
Je suis éberlué de passer d'un extrême à l'autre et de voir la richesse de perceptions que ça procure. Comme des verres de couleur différente pour appréhender la vision du réel.


Eté 2022 :
percée psychédélique dans les médias français

De son côté, ma mère est sonnée par l'annonce de sa pathologie, d'autant que l'association des deux mots "cancer" et "pancreas" font planer l'épée de Damoclès sur la fin de son existence.

On est à l'été 2022. Je lui parle à nouveau des champignons psylocybe (les champignons magiques) et du rôle qu'ils prennent de plus en plus dans l'accompagnement de nombreuses pathologies, parmi lesquelles le cancer.
Elle sait déjà tout ou presque de mes expériences psychédéliques. Elle sait aussi que je surveille avec attention, depuis des années, la "renaissance psychédélique" aux Etats-Unis, propulsée par la recherche de nouveau autorisée sur ces composés.
Elle le sait parce que je lui relate la dernière littérature scientifique, et que je ne manque pas de lui pointer les documentaires US qui fleurissent sur le sujet, notamment sur Netflix comme Fantastic Fungi ou Voyage aux confins de l'esprit.

Elle a été suffisamment convaincue pour accepter, à 2 reprises, de prendre une microdose de champi et ce, à des moments psychologiquement très éprouvants pour elle, dans l'accompagnement des derniers mois de vie de son mari.
Elle était encore pour le moins réticente à prendre une macrodose (une vraie dose introspective).
Je n'imposais évidemment rien mais je lui rappelais que j'étais disposé à être son gardien de voyage si elle le souhaitait.

Lors de cet été 2022, quelque chose était en train de changer dans l'inconscient collectif français concernant les psychédéliques, quelques années après les Etats-Unis.
Il y eu d'abord une série d'été du Monde consacré aux champignons magiques et à la psilocybine (la molécule active). Pas un petit paragraphe mais une série de 6 longs articles, un par jour dans le papier et sur le web. Ils sont accessibles ici.
Et puis pour ma mère, il y a eu Michel Cymes (sic). Voyage aux frontières de la conscience, présenté en prime time sur France 2, comportait un segment consacré aux champignons psilocybe.
Hasard du calendrier, l'émission est diffusée dans la même semaine que l'annonce d'une mauvaise nouvelle : un autre organe de ma mère était touché et pour elle, à ce moment-là, selon ses propres termes : "les carottes sont cuites".

La décision est prise : ma mère de 79 ans va prendre pour la première fois de sa vie une macrodose de champignons psylocybe, accompagné par son fils en tant que gardien de voyage.

Le jour J arrive.
Et ça s'est pas vraiment passé comme escompté 😅

Suite dans la prochaine chronique...