L'art de se raconter des histoires
C'est drôle comme la vie nous offre parfois des sujets de chroniques.
Samedi dernier, vers 11h du matin, alors que je prenais un café avec un ami, mon sac a disparu.
Je n’ai rien compris. Instants de sidération.
Je l'ai cherché pendant de longues minutes, comme si je n'arrivais pas à intégrer l'information :
(en)volé.
J'étais toujours en possession de mon iPhone, resté sur notre table pour enregistrer la conversation.
Sur mon app de second cerveau, je prends alors note du contenu du sac disparu :
20240907
disparition sac à dos Peak Design noir :
MacBook Air M3 et chargeur
Rode Wireless pro
Rodecaster duo
Rode mini usb
Clés appart et bip immeuble
Batterie portable 100w
Petit parapluie de ma mère
Traduction : ce sac était plein à ras bord de matériel numérique et contenait plus précisément tout un matériel de podcast mobile (microphones sans fil, table de mixage, etc) que je m'apprêtais à utiliser dans la foulée de notre rendez-vous. D'ailleurs au passage, les sacs Peak Design sont une merveille d'ingénierie pour ranger son matos (publicité non sponsorisée).
Je repasse ensuite l'évènement dans ma tête : je suis à l'intérieur du café Partisan, coffee shop branchouille de la capitale, assis dos à la file d'attente. Mon sac posé à ma droite. Enormément de regards, dont ceux des baristas, sont dans notre direction. Personne n'a rien vu, ni moi, ni mon ami, ni les baristas. Pas de vidéosurveillance. (en)volé. Arsène Lupin.
Bon.
C'est fait.
Je n'ai plus de contrôle, je dois accepter.
Je fais rapidement un inventaire mental du coût/coup de l'expérience, supérieur à 2500€, assez facile à effectuer puisque je venais tout juste d'acquérir le matériel, sinon ça serait pas drôle.
Bon.
J'ai encore mes cartes et mes papiers avec moi (merci le porte-cartes/trépied Peak Design magnétisé sur mon téléphone) et ma mère possède un double de mes clés. De plus, toutes mes données numériques sont sur mon Mac principal, chez moi.
Je n'ai été délesté que de matériel, donc d'argent.
C'est douloureux, mais je n'ai pas de formalités administratives à effectuer, ce que j'ai en horreur.
Premier soulagement.
J'échange avec Alexis, l'ami que j'étais venu retrouver. Alexis est plus qu'un ami, c'est aussi un proche collaborateur de l'INEXCO.
L'INEXCO, c'est le surnom de l'Institut d'exploration de la conscience, le nouveau projet entrepreneurial que je porte et dont je suis coordinateur. Le projet n'est pas encore public mais plus très loin de l'être (on se concentre actuellement sur la création de contenus).
Les podcasts que je devais faire avec le matériel disparu, c'était pour l'INEXCO.
Le but de ce projet, c'est d'accompagner la transformation intérieure des individus en partageant des clés et des expériences pour explorer sa conscience. Et notamment à changer d'état de conscience pour relever les challenges rencontrés.
Je ne gagne pas (encore) ma vie avec l'INEXCO, mais avec mes accompagnements d'entrepreneurs et de dirigeants, parfois d'artistes, dans leur processus d'alignement. Souvent, j'apporte un éclairage sur les problématiques rencontrées et sur les moyens envisagés pour essayer de relever le challenge avec (plus ou moins de) grâce. Il est à nouveau temps d'appliquer à moi-même ce que j'enseigne.
Cette expérience, c'est peut-être un "contrôle surprise" de la vie pour voir si j'ai bien intégré ce que je prêche.
Relever le challenge
Une fois un peu plus recentré, je décide donc de m'accompagner moi-même.
De prendre du recul, de passer dans la position de l'observateur et de me parler en prenant la posture de l'accompagnant. Et de partager ça en direct avec Alexis, par ailleurs thérapeute et lui-aussi accompagnant individuel.
Le pouvoir de l'écoute.
Comment parler à quelqu'un qui vient de vivre ça, pour l'éclairer et l'aider dans son processus transformatif ?
D'abord je crois que je me tairai.
L'expérience m'a appris que l'éclairage ne peut arriver qu'une fois les premières émotions traversées.
Est-ce que je suis encore en train de traverser des émotions ? Oui, sans aucun doute. Je fais un rapide scan corporel de mes sensations. Je suis encore agité. Je le reconnais, je les sens, je les laisse s'exprimer.
Puis je verbalise. Et je respire.
Les sensations d'agitation s'estompent doucement, paradoxalement sans chercher à les éliminer, mais juste à les illuminer de son attention.
Les sensations existent juste pour être ressenties.
Mon état n'est pas encore neutre, je me rends compte que je me raconte encore l'histoire si courante de la victime, et il est temps que je me raconte une autre histoire.
L'art de se raconter une histoire
L'importance de la manière dont on se raconte l'expérience.
Ça fait une dizaine d'années que je suis sur mon chemin intérieur, et si j'ai bien compris une chose c'est que dans toute expérience, il y a trois niveaux :
1) l'expérience elle-même, 2) la prise de conscience de cette expérience, et 3) l'histoire que l'on se raconte à propos de cette expérience.
On sous-estime souvent le dernier niveau. Nous oublions souvent notre libre arbitre et c’est bien dommage.
Car la manière dont on se raconte l'histoire influence directement notre expérience de la réalité.
La gratitude, capacité innée pour rebondir
L'idée est de réorienter son énergie en se concentrant sur des aspects positifs de sa vie. Je repense à l'amour de mes amis, à la gratitude d'avoir encore ma mère dans ma vie, à la gratitude de pouvoir créer un nouveau projet, soutenu encore une fois par mes amis, à toutes les possibilités encore à venir, au changement de paradigme que je pressens.
Je repense aussi à toutes les fois où je m’inquiétais pour rien. Encore il y a peu, je stressais grave pour un problème de santé qui était dans ma tête. Le scanner abdominal a rendu son verdict : tout est ok, je suis en excellente santé. Un miracle malgré mes excès (surtout de sucre).
Mise en perspective. Bouffée de gratitude.
Je repense aussi que l'improbable est toujours possible. Il était totalement improbable que ma mère survive à son cancer du pancréas, et pourtant elle est encore là.
L'improbable peut toujours arriver. Qui sait, mon sac pourrait réapparaître. Je souris.
Cette expérience de compression n'a duré qu'une grosse heure.
La vague est arrivée, elle m'a déconcerté, mais je suis resté sur la planche, déséquilibré certes durant un laps de temps réduit, avant de la surfer consciemment.
Parfois ça prend plus de temps, et ça m'arrive encore de boire la tasse.
Pas cette fois ci. Je me félicite.
La vie est belle, je me rends à mon prochain rendez-vous dans l'après-midi et je me surprends à siffler un air joyeux dans le Parc Montsouris. Je lève les yeux, et des perruches lâchent leur cri dans un tourbillon juste au-dessus de ma tête avant de se poser non loin.
Je souris. Les synchronicités reprennent.
C'est que dans le "Dream arc", la perruche ou le perroquet sont le symbole de l'art de pivoter. L’après-midi qui a suivi a connu son lot de rencontres fortuitement magiques (coucou Samina, coucou Loïc) et le soir, au dîner avec ma mère, je me suis vu lui dire « J’ai passé une excellente journée ».
La question magique
Une fois une expérience digérée, il y a toujours une question que j’aime contempler. C’est celle-ci :
Qu’est-ce que j’ai appris de l’expérience que je n’aurais pas appris autrement ?
Tant que c’est matériel, tout ce qui qui est perdu peut être reconstruit.
Cela m'a aussi montré que j'arrive à surfer les vagues avec de plus en plus de grâce.
Question subsidiaire : Quels enseignements ça consolide ?
Qu’une énergie négative peut être utilisée pour rebondir (ou la métaphore de l’élastique mentionnée dans le passé)
Que la gratitude est un super pouvoir accessible à chaque instant.
Qu'on est maître de la création de l'histoire que l'on se raconte à propos de cette expérience.
Et que (surtout ?) cela permet d'expérimenter la magie des synchronicités une fois le pivot effectué vers la réalité souhaitée.
Et enfin, ça fait un super sujet de chronique et la machine est relancée.
A très vite,
Clément, le 11 septembre 2024.